Réponse à l’apostrophe d’une lectrice anonyme : une recette est-ce une œuvre protégée ?
Voilà, il fallait bien que cela arrive… pas encore tout à fait un an que mon blog existe et j’ai essuyé, la semaine passée, mon tout premier commentaire désagréable. D’autres suivront, j’en ai conscience. Car, comme dirait une amie très chère : « That’s Life ! ».
Oui, c’est la Vie…
Dommage en revanche que « toi », lectrice agacée par mon dernier billet La délicieuse flognarde aux pommes de la fille imparfaite ne m’aies pas donné une adresse email valide…
C’est ça la vie d’aujourd’hui. Avancer caché dans la Toile. Et porter de petites estocades, sans avoir finalement vraiment le courage de ses opinions.
Au fond c’est quoi le problème ?
Voilà ta prose et tes revendications : « quand on copie une recette c’est extraordinaire de donner le lien de la personne »
J’avoue, j’ai relu ton message sibyllin à plusieurs reprises. Interloquée. Puis, je t’ai immédiatement répondu par email. Malheureusement, tu ne recevras jamais ce droit de réponse, puisque l’adresse que tu m’as donnée n’est pas bonne :
« Je viens de prendre connaissance de votre commentaire qui m’étonne fort car je détiens cette recette depuis longtemps dans un carnet.
Avez-vous un blog ? Publiez-vous vos recettes ? Si vous souhaitez que je partage un lien vers votre blog n’hésitez pas à me le communiquer.
Mon blog est tenu avec beaucoup de sérieux. Si vous me lisez vous remarquerez que, lorsque je n’élabore pas les recettes moi-même, je cite toujours les sources.
Je travaille avec les chefs et les maisons d’édition et ne m’amuse pas à « voler » des recettes. »
Je t’ai répondu par correction. Je n’avais pourtant pas à me justifier, puisque, cette recette, je dois la faire depuis une bonne vingtaine d’années… bien avant qu’internet n’ait supplanté le minitel. A l’époque, seules les flognardes de Maïté, Jean-Pierre Coffe, ou Pierre Perret se disputaient la primeur des ondes hertziennes.
Vois-tu, dans mon blog, j’essaie de partager mon goût pour les vraies et bonnes recettes. Pour le beau, le bon et l’authentique. Et je m’escrime surtout à écrire vraiment et sincèrement chacun de mes billets.
Alors, qui a volé l’orange ?
Suite à ton apostrophe masquée, je me suis interrogée sur la propriété des recettes. Au fond, une recette de cuisine est-elle une œuvre protégée ? Etant fille de joailliers, je me doutais déjà un peu de la réponse : NON. Au même titre que la bague n’a pas d’inventeur attitré, ni « toi », ni moi ne sommes les propriétaires de la flognarde aux pommes.
En effet, une recette résultant d’une liste d’ingrédients et d’instructions, elle ne peut pas être considérée comme une « œuvre de l’esprit » et donc être protégée par le droit d’auteur.
Voici d’ailleurs deux liens à ce sujet, le premier écrit par Margerie Véron, spécialiste en droit des auteurs, et aussi cette publication faite par des avocats à ce sujet.
That is the question …
Si Pierre Hermé peut se réclamer créateur de l’Ispahan, Paul Bocuse revendiquer la paternité de la Soupe VGE ou les sœurs Tatin affirmer que ce sont bien elles qui ont renversé leur tarte aux pommes, en revanche, personne ne peut détenir l’exclusivité d’une banale recette de flan aux pommes…
Mais, avant d’en finir avec cette histoire, j’ai tapé la recherche suivante sur internet : « Flognarde aux pommes »… juste pour voir…
33 800 ! C’est le nombre de flognardes aux pommes trouvées par le robot de Google !
C’est pas moi !
Alors non, c’est pas moi. Je n’ai volé ni « ta » flognarde, ni l’orange du marchand. A jouer à ce jeu, alors… Qui volera bientôt la recette des crêpes de la Chandeleur ? Du lait, des œufs et de la farine… « Préparez votre pâte… Dans une jatte »… Ah non, ça c’est une autre chanson ! 😉
Crédit photo @Delphinn
bonjour,
j’abonde dans votre sens ; non seulement une recette ne peut être PROTEGEE, mais elle doit être PARTAGEE .
Il faut simplement refaire la recette sans copier-coller et sans voler la photo ce dont j’ai été « victime ».
Je vous invite à consulter le dernier livre de Frédéric Zégièreman : « Les recettes qui font la France » chez Flammarion où vous pourrez retrouver une version de la Flognarde (ou flaugnarde) aux poires (et eau de vie de poire !).
Bonjour, Merci pour votre partage… Je vais commander le livre de ce monsieur de ce pas 🙂 A bientôt, Cordialement Delphinn
Succulente chronique, habilement tournée ! J’en ai fait l’écho sur twitter, compte @harry69covert, journaliste à Lyon